Le canal anal contient des glandes participant à sa lubrification. Elles peuvent spontanément s’infecter et former un abcès (accumulation de pus) pouvant créer un trajet (fistule) de l’intérieur de l’anus vers l’extérieur au niveau de la peau de la marge anale.
Ces fistules peuvent avoir un trajet simple, superficiel mais aussi être complexe avec un trajet ramifié et/ou profond à travers les sphincters musculaires de l’anus. Toutes les fistules ne donnent pas d’abcès, certaines n’étant responsables que d’un écoulement occasionnel.
En revanche un abcès à proximité de l’anus doit faire recherche une fistule anale. Enfin un abcès anal peut être situé à l’intérieur de l’anus sans lésion visible, on parle d’abcès intramural.
Abcès et fistule anales se manifestent donc soit par une douleur anale intense soit par un écoulement. Une consultation en urgence est recommandée.
Oui, sauf cas particulier (maladie de Crohn), la fistule anale ne guérit pas seule. En cas d’abcès collecté, les antibiotiques seuls sont rarement suffisants.
L’intervention se déroule sous anesthésie générale, dure environ 30 minutes et est possible dans le cadre de la chirurgie ambulatoire.
En cas d’abcès, il est nécessaire de réaliser un une incision chirurgicale pour permettre l’évacuation du pus, un lavage et un drainage spontané en laissant la plaie ouverte ou méchée au début par une infirmière.
Dans le même temps opératoire on réalise une exploration anale afin de rechercher une fistule et de localiser son trajet et ses orifices. Son traitement permet d’éviter la récidive.
En cas de fistule superficielle qui ne concerne pas ou peu de sphincter, on réalise une fistulotomie (ouverture de la fistule à la peau) pour permettre sa cicatrisation progressive. Il s’agit d’une technique simple et efficace mais qui nécessite la section d’une petite partie de sphincter, généralement sans conséquence sur votre continence.
En cas de fistule profonde, on repère son trajet qui est intubé par un élastique de manière à le traiter dans un second temps. En effet une fistulotomie d’emblée serait trop à risque de lésion sphincterienne pouvant compromettre votre continence. Plusieurs solutions sont alors possibles.
La traction progressive de l’élastique, permettant une section très progressive du sphincter au fur et à mesure des séances. La technique est très efficace.
L’encollage (complété d’une obturation de son orifice interne par de la muqueuse rectale) ou sa ligature transphincterienne (LIFT) sont des techniques d’épargne sphincterienne mais exposent à un risque de récidive plus élevé (50%). On les préconise en cas de chirurgie récidivante pour ne pas fragiliser davantage le sphincter.
Les plaies nécessitent des bains de siège (ou toilette à la douchette) pluriquotidiens notamment après les selles. Parfois des pansements (avec mèche) sont nécessaires. Vue la localisation, la mèche peut facilement tomber, ce n’est pas grave, l’essentiel est que la plaie reste propre et sèche.
Les douleurs sont habituellement bien contrôlées par les antalgiques mineurs.
Le temps d’obtenir la cicatrisation définitive, il est normal d’avoir quelques saignements habituellement peu abondants, de ressentir une gêne, un suintement ou une sensation de démangeaison. Une petite fuite de gaz très temporaire n’est pas rare non plus.
Il est important de ne pas être constipé, vous devrez donc bien prendre les laxatifs préscrits le premier mois en plus des conseils hygiénodiétatiques habituels (bonne hydratation, eau Hépar, fibres, jus de pruneau etc).